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Egypt: Women's Rights
Les femmes égyptiennes à un moment décisif
par Fatma Khafagy
29 août 2008Le Caire – Cet été, les femmes égyptiennes ont brisé des tabous pour dénoncer les contraintes
imposées par les rites du mariage traditionnel et la fréquence du harcèlement sexuel dans le pays. Malgré leurs récents
efforts pour obtenir une plus grande reconnaissance légale et sociale, les femmes égyptiennes reçoivent des messages
contradictoires concernant leurs droits, surtout lorsqu'il s'agit du droit de la famille en Egypte.
Des organisations de la société civile lancent des campagnes de sensibilisation pour réclamer l'égalité des sexes et une
protection juridique égale dans la structure familiale. Cependant, au même moment, l'ordre religieux explique aux femmes
que les lois existantes leur confèrent déjà suffisamment de droits.
Au cours des dix dernières années, l'Egypte et d'autres pays arabes ont assisté à des réformes législatives qui ont
entraîné des amendements constitutionnels octroyant l'égalité des droits aux femmes. Par exemple, les femmes égyptiennes
qui sont mariées à des non Egyptiens peuvent désormais transmettre leur nationalité à leurs enfants. En outre, pour la
première fois, les femmes égyptiennes ont obtenu le droit au divorce et les maris ne peuvent plus empêcher leurs femmes
de voyager seules à l'étranger. Les violeurs ne peuvent échapper à la sentence des tribunaux en épousant la femme qu'ils
ont violée et les tribunaux de la famille ont été créés pour servir de médiateur entre les époux et accélérer les
actions en divorce.
Il n'en reste pas moins que le droit de la famille n'a pas été modifié. Le recueil de lois actuel date de 1920 et est
fondé sur des postulats destinés à conserver le système patriarcal traditionnel intact. L'un de ces postulats prévoit
que les maris pourvoiront aux besoins de leurs familles et les femmes seront subordonnées à leurs maris. Ce statut légal
donne aux hommes le droit inconditionnel de divorcer tandis que les femmes doivent recourir au tribunal qui, le plus
souvent, ne donnera son approbation que si la femme renonce à tous ses droits financiers – y compris sa dot, ou si elle
prouve l'attitude injurieuse du mari.
Toutefois aujourd'hui - et depuis quelque temps déjà - la réalité est très différente. Plus de femmes travaillent et
contribuent à l'entretien du ménage. Les rôles de l'homme et de la femme au sein de la famille n'ont cependant pas été
remis en cause. Il sont légalement confirmés et socialement consolidés, ce qui empêche une importante transformation
sociale et culturelle.
Le changement est vivement réclamé. Les organisations de la société civile en Egypte, et notamment des groupes de
femmes, demandent une nouvelle interprétation de la loi islamique shari'a (une structure juridique basée sur des
principes islamiques), relativement aux droits de la femme.
La communauté religieuse, néanmoins, soutient que les femmes ont suffisamment de droits au sein de la famille. Elle
annonce aux femmes qu'elles ont le droit d'exiger de leurs maris qu'ils subviennent à leurs besoins et à ceux de leurs
enfants, de garder leurs propres revenus et salaires pour leur usage personnel et d'être payées par leurs conjoints
lorsqu'elles remplissent leur fonctions maternelles tel que l'allaitement maternel. L'ordre religieux perpétue ainsi une
stricte division des rôles basée sur les sexes.
Malheureusement, l'accès à l'assistance juridique pour changer ou défier les lois existantes est un problème pour de
nombreuses femmes dans le besoin. Les frais d'avocats sont élevés, le temps passé au tribunal pour obtenir une décision
de justice peut s'avérer trop long pour des femmes qui travaillent à la fois chez elles et à l'extérieur et il n'y a
aucune garantie qu'elles obtiennent gain de cause. Souvent, les juges et les officiers de police sont influencés par
l'ordre religieux et la culture patriarcale qui soutiennent l'inégalité des sexes et renforcent les rôles traditionnels
des hommes et des femmes.
Comble de malheur, les extrémistes religieux considèrent que préserver le rôle existant de la femme dans la famille est
une bataille cruciale dans la lutte pour la défense de l'éthique sociale et de la moralité. Il en résulte que les femmes
sont obligées dans bien des cas de porter la hijab (le foulard), de pratiquer la mutilation sexuelle féminine et
de prouver qu'elles sont vierges. Les médias et les programmes d'enseignement à l'école jouent également un rôle
prépondérant dans la préservation des rôles de l'homme et de la femme, décrivant les femmes comme faibles, émotionnelles,
dépendantes et nécessitant protection.
Néanmoins, les voix réclamant le changement se font de plus en plus entendre. Plusieurs institutions en Egypte, y
compris le Conseil national des femmes, le ministre de la Justice et le parti national démocrate ainsi qu'un certain
nombre d'organisations féministes non gouvernementales travaillent dans l'espoir de réformer à la fois le statut légal
et le code de procédure du tribunal où siège le juge des affaires familiales.
Plutôt que de se voir dicter un rôle, les femmes égyptiennes font preuve de courage à un moment décisif et délicat pour
remettre en question leur situation et pour obtenir une participation pleine et entière et l'égalité des droits.
* Fatma Khafagy, titulaire d'un doctorat, conseillère politique principale pour les droits de
la femme auprès du German Technical Assistance programme en Egypte et membre du conseil d'administration de l'Alliance
pour les femmes arabes. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews) et accessible sur
www.commongroundnews.org .
Source: Service de Presse de Common Ground, 29 août 2008, www.commongroundnews.org.
Reproduction autorisée.
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