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Oasis of Peace
Israël : Oasis de la Paix
par Deanna Armbruster
22 août 2008Oasis de la Paix (Israël) – Il y a, en Israël, un village où les Arabes et les
juifs vivent en voisins. De part et d’autre, on s’efforce de créer une société juste qui pourrait servir de modèle pour
la paix dans la région.
Quel est son nom? Oasis de la Paix. Oui, ça fait penser à une utopie, à quelque chose de magique, d’idéaliste, mais les
gens qui y vivent se retrouvent tous les jours confrontés au plus profond d’eux-mêmes aux réalités d’un conflit violent
et douloureux. Comme tout ce qui vaut la peine, la paix aussi doit se mériter.
Certains craignent que ce petit village à lui tout seul ne menace les 5,4 millions de juifs qui vivent en Israël et les
5,1 millions de Palestiniens et d’Arabes en Israël et en Palestine. Mais c’est impossible. Seul un couple, qui vit là
depuis plus de 25 ans, est mixte. Les autres familles non mixtes, sont juives, musulmanes, et chrétiennes; elles
partagent des convictions très puissantes sur leurs propres identités, mais elles font un effort volontariste, depuis
tantôt trente ans et plus, pour vivre côte à côte et ainsi marquer la société de leur empreinte.
Neve Shalom, comme on l’appelle en hébreu, ou Wahat al-Salam, en arabe, a beaucoup à nous apprendre sur les relations
interconfessionnelles.
A l’école primaire judéo-arabe, les enfants étudient le catéchisme des autres avec une curiosité toute naturelle. Les
élèves rompent ensemble le jeûne de ramadan, partagent une succah pour la fête de Sukkot et échangent de menus
cadeaux à Noël. Et le dialogue commence, sans jamais s’arrêter, au Centre spirituel pluraliste, où le débat transcende
la religion, sachant que ce conflit n’est pas celui qui opposerait la Torah, le Coran et la Bible.
Les difficultés commencent à partir du moment où les éléments réels du conflit sont posés sur la table.
Le conflit israélo-palestinien est un affrontement entre deux entités nationales autour du problème de la terre, des
ressources, de la sécurité, de la liberté, de l’égalité, du pouvoir, de l’identité, et de la justice. Pour être
productif, le dialogue doit aussi aborder ces questions-là, au-delà des aspects inter et intra religieux.
Donc, pour espérer trouver une solution au conflit israélo-palestinien, il faut prendre du recul. L’objectif ultime
devrait être de créer un climat de stabilité entre les Israéliens et les Palestiniens qui leur permettrait de vivre côte
à côte dans la sécurité et la liberté dans un esprit de coopération et de respect. Cela veut dire : construire ensemble
sur un espace commun, partager l’histoire, faire sienne la douleur et la souffrance de l'autre. Israéliens et
Palestiniens, juifs, musulmans, chrétiens, tous doivent avoir la volonté de reconnaître l’autre. La volonté de
reconnaître en l’ennemi notre égal en humanité. Plus facile à dire qu’à faire
La solution du conflit israélo-palestinien est la seule clef qui permettra de déverrouiller le dialogue entre le monde
arabe et l’Occident. En l’absence de ce catalyseur, le dialogue se fera attendre. Or seul le dialogue offre une fenêtre
d’ouverture pour faire avancer la compréhension et trouver des solutions; aucune solution n’est possible sans discussion
préalable.
L’Occident doit apprendre à mieux connaître l’islam, non parce que c’est la religion de "nos ennemis", mais parce que,
comme chez les enfants de Neve Shalom/Wahat al-Salam, c’est la religion de nos voisins.
Oasis de la Paix nous montre l’exemple : cessons de considérons les Arabes comme des gens qui nous inspirent la peur.
Oui, nous peignons l’autre de couleurs terrifiantes pour voir en lui l’ennemi, mais nous pourrions aussi nous
interroger, casser les reins aux préjugés, revoir nos certitudes, éveiller nos consciences. Au-delà, c’est l’Occident
qui doit tout apprendre sur les conflits économiques, politiques, sociaux, et culturels qui plombent la région.
Où se situe le clivage entre l'Orient et l’Occident ? Pas seulement au niveau des religions, mais aussi de la dynamique
politique, la course aux ressources, de l’égoïsme, de l’indépendance, du rapport des forces. Quand nous aurons compris
cela, nous verrons que les rapprochements sont possibles.
Sur la liste des candidats à l’Oasis de la Paix, 500 familles sont en attente. Cet automne, 15 de ces familles donneront
le premier coup de bêche sur leur lopin de terre et poseront la première pierre de leur nouvelle maison, de leur nouvel
avenir. Sans peut-être pleinement mesurer les difficultés qui les attendent, ils sont porteurs de toute la bonne volonté
du monde.
Aux yeux du monde, ils offrent un rayon de lumière.
Les résidents de ce petit village nous montrent, à la force du poignet, que la paix est à portée de main de tous ceux
qui la désirent et qui sont prêts, pour la trouver, à sacrifier leurs préjugés d’antan afin que tous puissent la
partager.
Puisqu’ils nous donnent cet exemple, c’est à nous qu’incombera bientôt la responsabilité de le suivre.
* Deanna Armbruster est directrice exécutive de l’association American Friends of Neve Shalom/Wahat
al-Salam et auteur de Tears in the Holy Land: Voices from Israel and Palestine. Cet article, qui fait partie
d’une série sur les relations entre juifs et musulmans écrite pour le Service de Presse de Common Ground, a été publiée
d’abord dans le The Christian Science Monitor.
Source: Service de Presse de Common Ground, 22 août 2008, www. commongroundnews. org
Reproduction autorisée.
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